Zoom sur le dépistage du cancer colorectal
Le cancer colorectal touche chaque année plus de 47 000(1) personnes en France.
Or, un dépistage précoce permet un haut taux de guérison. Pourtant ce dernier est encore peu connu et n’est pas toujours effectué de manière rigoureuse. Dans cet article, nous vous expliquons en quoi consiste cet examen, mais aussi son intérêt et les facteurs de risque de cancer colorectal.
Qu’est-ce que le cancer colorectal ? (2)
Le terme “cancer colorectal” regroupe à la fois le cancer du côlon et celui du rectum. Il résulte généralement de la croissance anormale et incontrôlée de cellules qui tapissent la paroi interne du gros intestin (composé à la fois du côlon et du rectum). Ce type de cancer peut se manifester par des polypes précancéreux qui, s’ils ne sont pas détectés et enlevés à temps, peuvent évoluer vers une tumeur maligne.
Le dépistage précoce de ce cancer permet une guérison fréquente. Or, cet examen reste peu connu et de nombreuses interrogations l’entourent encore. C’est pourquoi nous avons interviewé le Docteur Bertrand Brieau, Hépato-gastro-entérologue, afin qu’il réponde aux questions les plus courantes.
Quels sont les facteurs de risque ?
Le risque de développer un cancer colorectal n’est pas le même pour tout le monde. Il dépend de l’âge et de l’histoire personnelle et familiale, ainsi que du mode de vie. Il est important de connaître le niveau de risque afin de déterminer les modalités de dépistage ou de surveillance les mieux adaptées.
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- à l’âge (plus de 50 ans) ;
- à l’existence d’antécédents personnels ou familiaux de cancer, de polypes ;
- à l’existence de certaines maladies intestinales chroniques (MICI) telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique ;
- à l’existence de prédispositions génétiques particulières telles que le syndrôme de Lynch causé par des mutations (principalement des gènes MLH1, MSH2, MSH6 et PMS2) ou encore la polypose adénomateuse familiale ;
- aux habitudes de vie.
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- une alimentation trop riche, notamment en graisses animales ;
- une consommation importante de viandes rouges ;
- l’inactivité physique ;
- le surpoids ;
- la consommation d’alcool ;
- la consommation de tabac.
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- « moyen » (80 % des cancers) ;
- « élevé » (15 à 20 % des cancers) ;
- « très élevé » (1 à 3 % des cancers).
Chaque situation est unique : c’est pourquoi il est important d’en parler avec son médecin, qui évaluera le niveau de risque de développer un cancer colorectal et pourra orienter vers les modalités de dépistage ou de surveillance adaptées.
Quelles sont les deux modalités de dépistage ?
Près de 95 % des cancers colorectaux sont diagnostiqués après 50 ans, chez les hommes comme chez les femmes. C’est pourquoi le programme national de dépistage du cancer colorectal s’adresse à toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans et qui ne présentent ni symptômes, ni antécédents personnels ou familiaux de polype, de cancer ou de maladie touchant le côlon ou le rectum, ni facteurs de risque particuliers. Ce dépistage consiste à réaliser, tous les 2 ans, un test immunologique à faire chez soi.
La situation la plus fréquente est celle du risque « moyen », pour toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans et qui n’ont pas d’autres facteurs de risque que l’âge.
Ce test peut s’effectuer chez soi en quelques minutes. Après avoir collé le papier de recueil des selles sur la lunette des toilettes et ouvert le tube, grattez la surface des selles à l’aide de la tige verte. La partie striée de la tige doit en être recouverte. Ensuite, refermez bien le tube et secouez-le énergiquement. Une fois avoir rempli, daté et collé l’étiquette sur le tube, glissez-le dans le sachet de protection, qui sera lui-même glissé dans l’enveloppe de retour.
Une fois renvoyés (au plus tard 24h après et ni le samedi, ni la veille d’un jour férié), vos échantillons de selles seront analysés pour vérifier l’absence de sang dans ces dernières.
Vous recevrez vos résultats, ainsi que votre médecin, sous 15 jours.
Une invitation à réaliser tous les 2 ans un test immunologique est adressée, par le Centre régional de coordination de dépistage des cancers. Il peut également vous être remis par le médecin traitant ou le gastro-entérologue. Le test immunologique de dépistage du cancer colorectal permet de détecter la présence de sang dans les selles.
En effet, certains polypes ou cancers provoquent des saignements souvent minimes et donc, difficiles voire impossibles à détecter à l’œil nu. C’est un test simple, rapide et indolore, à faire chez soi. Il est efficace et son analyse est fiable (0,15% de faux négatifs). Il est également possible de commander le kit via le site https://monkit.depistage-colorectal.fr/ ou de se le procurer en pharmacie, auprès d’un pharmacien ayant reçu une formation spécifique lui permettant de remettre ce kit de dépistage. Il peut aussi être remis par le médecin traitant, un gastro-entérologue ou un gynécologue.
Quels sont les principaux symptômes du cancer colorectal ?
Les symptômes les plus fréquents sont peu spécifiques, ce qui ne facilite pas son dépistage :
- des modifications qui affectent le transit intestinal : une alternance entre constipation et diarrhée
- la présence de sang dans les selles de couleur rouge vif ou d’apparence goudronneuse
- des douleurs ou malaises abdominaux
- une grande fatigue
En cas d’antécédents personnels ou familiaux de maladie colorectales, le niveau de risque est considéré comme « élevé » de développer un cancer colorectal au cours de la vie. Ce cas de figure représente 15 à 20 % des cancers colorectaux diagnostiqués en France. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire de réaliser le test immunologique, et on s’oriente directement vers la réalisation d’une coloscopie.”
1 – https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Les-chiffres-du-cancer-en-France/Epidemiologie-des-cancers/Les-cancers-les-plus-frequents/Cancer-colorectal – Consulté en janvier 2024
2 – https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/cancer-colorectal/comprendre-cancer-colorectal – Consulté en janvier 2024