Vaccin contre le papillomavirus : pour qui et pour quoi ?
En France, chaque année, environ 3000 femmes sont touchées par le cancer du col de l’utérus et 1000 décès sont liés à ce dernier(1). En tout, on compte annuellement 6 400 cancers liés aux virus HPV, dont un sur quatre chez les hommes(2). Pour réduire ces chiffres, la vaccination et les nouvelles méthodes de dépistage jouent un rôle très important. Mais alors, qu’est-ce que les papillomavirus ? Qui doit se faire vacciner ? Pour quelles raisons ? Le vaccin seul est-il suffisant ?
Recommandé depuis 2007 pour les jeunes filles entre 11 et 14 ans et depuis 2021 pour les garçons du même âge, le vaccin contre le papillomavirus humain n’est pas encore devenu un réflexe. En effet, fin 2021, seulement 45,8 % des jeunes filles de 15 ans et à peine 6 % des garçons du même âge ont reçu au moins une dose du vaccin.
Ce vaccin reste en effet peu connu et de nombreuses interrogations l’entourent encore. C’est pourquoi nous avons interviewé le Docteur Nicolas Camus, médecin généraliste, afin qu’il réponde aux questions les plus courantes sur la vaccination contre le papillomavirus.
Qu’est-ce que les papillomavirus ?
“Les papillomavirus sont des virus humains dont il existe plusieurs dizaines de types différents. Ils infectent la peau et/ou les muqueuses et se transmettent par simple contact, principalement lors des relations sexuelles. La transmission peut aussi se faire par contact indirect (piscine,…) ou lors de l’accouchement.
Ils provoquent des lésions pouvant être retrouvées au niveau du vagin, de la vulve, de l’anus, du pénis, du col de l’utérus, mais aussi au niveau de la gorge et des amygdales.
Or, parmi ces virus, certains sont plus dangereux que d’autre :
- HPV (Human Papillomavirus) de bas pouvoir pathogène (peu dangereux) : ils sont responsables de l’apparition de verrues génitales ou condylomes. Le traitement est souvent long et les récidives fréquentes.
- HPV de haut pouvoir pathogène : ils peuvent être responsables de l’apparition de différents types de lésions précancéreuses voir cancéreuses (au bout de plusieurs années).
Pour se protéger il faut penser à :
- La vaccination
- Au dépistage régulier chez les femmes (frottis ou test HPV)
Qui doit faire le vaccin contre le papillomavirus et pourquoi ?
L’infection par le papillomavirus est très fréquente. Environ 80% de la population y sera exposée au cours de sa vie. À noter que dans 90% des cas, l’organisme élimine le virus en moins de 2 ans.
Toutefois, le CIRC ou Centre international de Recherche sur le Cancer (dans une étude publiée en 2018) estime que 2% des cancers par an sont attribuables à une exposition au papillomavirus.
Le principal cancer lié à l’exposition à HPV est le cancer du col de l’utérus. D’après l’Institut Pasteur, le cancer du col de l’utérus est le 2e plus fréquent chez la femme et le 4e cancer le plus mortel dans le monde.
C’est pourquoi la prévention joue un rôle capital dans l’évolution des lésions à HPV. L’axe principal est la vaccination à grande échelle des adolescents filles et garçons, idéalement avant le début des relations sexuelles. Il est toutefois possible de se faire vacciner même si la vie sexuelle a déjà commencé. On parle alors de rattrapage.
Ainsi, la vaccination s’adresse aux filles et aux garçons entre 11 et 14 ans et en rattrapage jusqu’à l’âge de 19 ans. Cette limite monte à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.
Enfin, il est fondamental de rappeler que le HPV peut toucher aussi bien les hommes que les femmes. C’est pourquoi il est important que tous soient vaccinés.
Le vaccin contre le papillomavirus est-il sûr ?
Le vaccin, comme tous les médicaments, peut engendrer des effets indésirables comme par exemple une douleur au niveau de l’injection. De très rares cas d’allergie ont été rapportés (1 cas sur 450 000 vaccinés).
Au début de la commercialisation des vaccins, il y a eu des craintes concernant l’apparition de maladies auto-immunes. Toutefois, de nombreuses études, indépendantes de l’industrie pharmaceutique, ont été réalisées et il n’a jamais été possible de mettre en évidence une relation de cause à effet.
Le vaccin est-il efficace à 100% ?
Le vaccin disponible actuellement en France est le Gardasil 9. Il protège contre les 9 sous-types de papillomavirus les plus à risque de cancérisation. Si la protection n’est pas à 100%, c’est tout de même une avancée majeure dans la prévention des cancers.
Est-ce que ce vaccin remplace les autres méthodes de dépistage du cancer du col de l’utérus, comme le frottis ?
La protection n’étant pas de 100% il est important de poursuivre les dépistages réguliers comme les frottis ou les test HPV.
Entre 25 et 30 ans, le dépistage par frottis est indiqué avec 2 prélèvements à un an d’intervalle, puis 3 ans après si le résultat des deux premiers est normal.
Entre 30 et 65 ans, les test HPV sont recommandés tous les 5 ans en cas de négativité.”
1. https://www.vidal.fr/medicaments/utilisation/vaccins/vaccin-papillomavirus.html
2. https://vaccination-info-service.fr/Les-maladies-et-leurs-vaccins/Les-Infections-a-Papillomavirus-humains HPV#:~:text=La%20vaccination%20contre%20les%20infections,%C3%A9galement%20%C3%A0%20tous%20les%20gar%C3%A7ons.
3. https://www.inserm.fr/actualite/papillomavirus-faut-il-generaliser-la-vaccination/